Bienvenue sur mon blogue du Tour de l'Abitibi. Je suis impliqué depuis 2008 ans dans l'organisation du Tour et je suis opérateur radio-tour durant les courses. J'espère pouvoir vous informer sur le déroulement des étapes, sur les faits intéressants à relater et sur mes impressions de la course et de tout ce qui l'entoure. Étant assis dans la première voiture derrière le peloton, je suis généralement au fait de tout ce qui se passe durant les étapes. J'écrirai donc ici dans les jours précédent le Tour de l'Abitibi et durant toute la semaine que dure le Tour.

Welcome to my blog featuring the Tour de l'Abitibi. I have been involved with the Tour's organisation since 2008 and am the radio-tour operator. I hope to inform readers on the racing during the different stages, on interesting facts during the race and on my general impressions on the Tour an everything that revolves around it. I will therefore start writing on this blog during the few days before the Tour and for the entire week that the Tour lasts for.



lundi 20 juillet 2020

Sur la Sellette, Étape 7 - les grandes manoeuvres




19 juillet, Étape 7, Amos-Preissac-Rouyn-Noranda, 138 km

Dernière étape du Tour d’Abitibi 2020. Qui triomphera pour cette 52e, pardon 1ère édition fictive? On s’attend à une guerre de tranchées entre les américains, les danois et les néo-zélandais.

La journée commence d’abord avec un premier concours de mesurage de bites, soit la randonnée du directeur technique. À chaque relai impliquant le DS des USA, le DS danois vient augmenter la vitesse un peu plus, en bon diesel qu’il est. La vitesse s’emballe et on perd un mécano qui ne connaît pas le parcours pour se rendre au départ! La compétition entre les USA et le Danemark prend fin lorsque les choses sérieuses commencent, avec un relai-suicide du massothérapeute français qui est aussitôt contre-attaqué par Bill Elliston et les DS de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Derrière, des bénévoles du Tour tentent uniquement de survivre après une semaine sans sommeil.

Le départ de l’étape est donné à Amos et la première difficulté du jour est un slalom en peloton pour éviter les nombreux nids de poules de l’entrée ouest de la ville, alors que la voirie a manqué de temps et de goudron avant le passage du Tour. On recense 18 roues en carbone explosées.

Tous savent que le classement général est en jeu et les trois équipes en lice se surveillent de près. Même le fort rouleur danois Oscar Nielsen ne peut s’échapper. Après la côte de Preissac, où le colombien Marquez s’assure du maillot à pois, une première attaque surprend le peloton. Environ 10 coureurs s’échappent. Le temps de les identifier au radio-tour et les DS des USA, du Danemark et de la Nouvelle-Zélande ne voient pas de menace immédiate.

L’échappée à 10 file vers Rouyn-Noranda et prend 2 minutes au peloton. Elle inclut Rattapong Masuk qui remporte un sprint intermédiaire et deux autres sprints du maire pour payer un nouveau cadre en carbone à son coéquipier. Alors que le peloton entame l’ascension de la côte Joannes, Stuart Avgas, maillot brun américain, crève. Trois coéquipiers l’attendent pour le remonter au peloton. Mais de l’autre côté de la bosse, danois et néo-zélandais n’entendent pas laisser revenir les USA et accélèrent. Le français Cédric de la Jarretière vient alors parlementer avec les danois et les océaniens et incite les coureurs à faire preuve de fair-play en laissant rentrer les américains en chasse. Question de ne pas profiter d’un incident de course ayant pénalisé le leader du classement, une règle non-écrite du vélo. Il s’agit en fait d’une tactique du DS français Trarieux qui a un coureur dans l’échappée, passé sous le radar toute la semaine. Le dialogue a l’effet escompté et le peloton lève le pied en attendant les américains, de sorte que l’échappée a maintenant un écart de trois minutes avec le peloton à l’entrée du circuit d’arrivée qu’il faut boucler 10 fois.

C’est aussi le moment choisi pour le répéteur radio de flancher et les DS n’entendent pas les annonces des écarts sur radio-tour. Étonnamment, le technicien radio terminera son Tour plus riche de 200 Euros… Ni le Danemark, ni la Nouvelle-Zélande ni les États-Unis ne réalisent l’ampleur du plan machiavélique français.



Alors que les premiers tours de circuit se terminent, plusieurs coureurs tirent leur révérence pour aller peaufiner leur profil Tinder en vue de la 8e étape du soir. Chronomètre à la main, le staff des USA en bord de parcours comprend alors que le Tour est en train de se jouer. On a beau tenter les alliances avec les autres équipes, la distance restante est trop courte. Au sein de l’échappée, le coureur français Vinny Couillerot s’échine à trainer son groupe vers la ligne d’arrivée le plus tôt possible. La vitesse à l’avant et au peloton est au maximum et la caravane de voiture se fait momentanément larguer par le peloton, intimidée par les policiers faisant du radar en bord de parcours.

L’étape est remportée par le canadien Avro McBoosterpack, membre de l'échappée, qui reprend le maillot orange pour de bon, pendant que Couillerot s’écroule après la ligne d’arrivée. Le peloton arrive 2 :21 plus tard, soit 20’’ trop tard pour l’américain Avgas. Au terme d’une chevauchée ultime et profitant de manigances alliant intelligence, persuasion et perversion, la France arrête enfin la dynastie américaine! Vinny Couillerot (France) remporte le Tour d’Abitibi 2020 devant Stuart Avgas (USA) et Lego Jensen (Danemark), alors que le maillot orage revient à Avro McBoosterpack (Canada) et le maillot à pois à Sergio Marquez (Colombie). Le maillot bleu de meilleur jeune est remis à l’américain Linus Donatello (USA) qui, du haut de ses 48kg, a eu besoin de l’assistance des présentateurs pour soulever son trophée pendant le gala des mérites.

La dernière soirée du Tour donnera lieu à des célébrations françaises sans précédent. Un coureur en coma éthylique, deux en tôle pour avoir incendié des bottes de foin, peut-être un ou deux petits demi-québécois dans neuf mois et une nuit blanche pour le staff qui s’endort en cuillère au salon VIP tout juste avant d’être réveillés pour le départ de l’Autobus vers Montréal. Une grosse soirée quoi.

J’espère que vous avez eu autant de plaisir à lire mes élucubrations que j’en ai eu en les écrivant. Allez, on se voit pour vrai en 2021. En espérant pouvoir noter de meilleures anecdotes encore! En passant, le site danslamusette.fr a aussi fait gagner un français, merci pour l'inspiration.



dimanche 19 juillet 2020

Sur la sellette - Étape 6, péripéties gastriques

Il fait ça comme un pro!



18 juillet, Étape 6, Rouyn-Noranda-Rollet-Rouyn-Noranda, 119 km

Drame sur le Tour d’Abitibi aujourd’hui. Ce qui devait être le 5e souper de pâtes au poulet de la semaine hier s’est transformé en pire ennemi du peloton et des accompagnateurs. Peut-être était-ce la température de conservation ou la cuisson douteuse (ne jamais faire confiance à du poulet qui se coupe avec une fourchette), mais les premiers indices de la tragédie à venir étaient sans équivoque.

Dès les premières notes du karaoke hier soir, on a bien vu que quelque chose ne tournait pas rond. La table des DS américains était vide et les français ont dû écourter leur version de « Sous le vent » pour sprinter vers la salle de bain la plus proche. Ça gargouillait dans les entrailles et aucune quantité d’alcool ne semblait vouloir éteindre le feu qui couvait!

Les visages étaient donc pâles ou carrément verdâtres au départ de l’étape vers Rollet, avant de revenir à Rouyn-Noranda. L’absence de transfert en bus scolaire aura été salvatrice pour nombre de coureurs qui ont passé une bonne partie de l’après-midi aux toilettes. Certains coureurs qui avaient déjà prévu des « arrêts sanitaires » en n’enfilant pas les bretelles de leurs cuissards. Le skinsuit était définitivement à proscrire en cette étape et porter le maillot brun était un avantage indéniable.

Au-devant de la course et profitant de la léthargie générale, les thaïlandais ont lancé vers chaque sprint intermédiaire leur diminutif sprinteur issu du BMX, Rattapong Masuk. Cette vigueur de l’ensemble de l’équipe thaïlandaise s’explique par leur régulière absence de la cafétéria. Ils ont plutôt installé un minuscule BBQ avec un sterno à l’extérieur de la polyvalente et cuisinent eux-mêmes leurs repas. Ils ont donc échappé au mauvais sort du poulet témiscamien!

Lors du retour en ville, plusieurs coureurs font des arrêts aux toilettes chimiques portatives près de la ligne d’arrivée pendant les tours de circuit, préférant garder leur dignité et épargner les spectateurs d’une vue déplaisante. Les coureurs de Vantagggggiiiooo regrettent une fois de plus leur combo maillot-cuissard blanc…

Les américains ont tenté d’emboîter les danois lors du dernier tour, une tactique empruntée aux français quelques années plus tôt. La dispute à vélo fut de courte durée, les deux équipes manquant de pep même pour s’insulter. La victoire leur a été soufflée par les énergiques thaïlandais. Rattapong Masuk remporte le sprint massif devant un coureur des Espoirs-Élite, Julien-Daniel Marchesseau-St-Jacques, dont la fiche médicale faisait mention de plus de 15 allergies alimentaires. Il a donc évité le souper d’hier lui aussi. Le podium est complété par le « grimpeur » marocain Moussaoui, qui a lui aussi mangé autre chose hier que le poulet non-halal.

Pas besoin de mentionner que le classement général individuel demeure inchangé : Avgas devant Jensen à 28’’ et Fernside à 59’’. Le maillot à pois de meilleur grimpeur est toujours sur les épaules du colombien Marquez et le maillot orange est dorénavant détenu par le vainqueur du jour, le thaïlandais Masuk qui a raflé tous les sprints de bonification, en plus des deux sprints du maire.

Les jambes commencent à être lourdes pour les jeunes coureurs et l’étape de demain achèvera le travail de démolition de la plus longue course à étape pour coureurs juniors au monde. 138 km en passant par la côte de Preissac, la côte Joannes et 10 tours de circuit à Rouyn-Noranda. Est-ce que les danois saurant mettre fin à la dynastie américaine? Rendez-vous demain.

samedi 18 juillet 2020

Sur la Sellette - Étape 5, les saigneurs néo (zélandais)

Hé meeeeerde!


17 juillet, Étape 5, Témiscamingue, 131 km

Le classique Tour du Témiscamingue attend de pied ferme les coureurs aujourd’hui, une étape tout aussi dure que belle sur les routes de cette région. La chaleur est encore de la partie, tout comme l’année dernière, alors que même une voiture d’équipe avait rendu l’âme pendant le transfert pour se rendre au départ!

C’est un peu la panique avant le départ dans l’organisation, le webdiffuseur télé ayant oublié sa caméra à Rouyn-Noranda! Dans la catégorie des oublis télévisuels, la camérawoman de TVC9 a quant à elle oublié sa crème solaire, comme l’année dernière. Bras de homard garantis!

Les thailandais, discrets jusqu’ici, tentent tant bien que mal d’expliquer un problème à l’organisation pendant l’appel des coureurs. À coup de mimes, de gestes et de mots thaï au volume de plus en plus fort, on finit par comprendre qu’un coureur a un cadre de vélo fêlé. Le cadre en carbone pourrait se désintégrer à tout moment. Intervient alors Monsieur Bricole Bernier, chauffeur du véhicule médical, qui utilise 2-3 rayons, des collets de plomberie et du beau tape électrique pour réparer le vélo juste à temps pour le coup de pistolet annonçant le départ.

La course est menée à un train d’enfer sous le soleil de plomb. Dès le 50e kilomètres, un attroupement de danois en bord de route passe des bidons à leurs favoris. L’histoire se répète à chaque 25 kilomètres, avec des drapeaux rouge et blanc et des familles encourageant les scandinaves avec des bidons frais. On apprendra plus tard que l’équipe danoise a acquis une agence de voyage avant le Tour pour amener avec eux un max d’accompagnateurs.

L’insouciance joyeuse des danois n’avait cependant pas prévu le coup fourré des néo-zélandais, jusqu’ici invisibles durant ce tour. Utilisant le savoir-faire belge, les néo-zélandais attendent un virage précédant une longue ligne droite exposée à un fort vent de côté et mettent leurs six coureurs devant tout en vissant la poignée. Les océaniens ont la socquette légère et font péter le peloton en mille miettes. On se retrouve avec des miettes de coureurs intercalées de voitures d’équipes. Un barrage aurait dû être fait par les commissaires, mais les néo-zélandais ont aussi synchronisé leur attaque frontale avec la pause crème-glacée du président du jury à Angliers.

Au travers de la désintégration néo-zélandaise, le maillot à pois de meilleur « grimpeur » est en jeu. L’étape contient le plus de GPM du Tour et les marocains avaient comme objectif de ravir la tunique à pois au petit colombien Marquez. Malheureusement, les marocains sont à cours d’effectifs dans le coup de bordure et le pugnace Marquez grapille encore quelques points au travers des néo-zélandais déchaînés.

Le GPM de la dernière bosse avant la ligne d’arrivée échappe à Marquez, mais c’est sans conséquence puisque le leader de la Nouvelle-Zélande, James Fernside, déguerpit avec le maillot brun Stuart Avgas et le danois Lego Jensen. Ces trois-là ne seront plus revus et Fernside donne la victoire à la Nouvelle-Zélande lors d’un sprint à trois au ralenti dans la bosse de Notre-Dame-du-Nord. Le 2e groupe à terminer, 50 secondes plus tard, contient le reste du top-10 au général. L’américain Stuart Avgas conserve son maillot brun devant le danois Lego Jensen à 28 secondes et le néo-zélandais Fernside est dorénavant 3e à 59 secondes. Après un souper rapide à la polyvalente de Notre-Dame-du-Nord, retour sur Rouyn-Noranda pour la soirée karaoke du vendredi soir. On espère du Céline Dion de la part des français.

vendredi 17 juillet 2020

Sur la Sellette - Étapes 3 et 4, une journée de vitesse

Malartic outfit

16 juillet 2020, Étape 3, Contre-la-montre individuel du lac Osisko, 10 km


Le traditionnel contre-la-montre individuel du lac Osisko devait débuter à 9h ce matin. Il a plutôt débuté à 2h en pleine nuit alors que l’ordre de départ a dû être redistribué en catastrophe après que le DS un peu éméché de Trans-Fusion Cycling ait posé la question au salon VIP s’il était normal que son coureur Ramirez, maillot brun, parte le premier. Boulette #3! On a corrigé, rephotocopié et redistribué les listes, avec quelques cernes de bouteilles de bière.

Pour ce qui est de l’épreuve, on rapporte la chute du coureur Ouzbèque Abdoujalabov (le seul à finalement ne pas être passé à l’ouest à La Sarre en début de Tour) créée par une distraction en bord de parcours. Il a fini du mauvais côté de la piste cyclable dans le bassin de résidus miniers de la fonderie Horne, avec un pH de 3. Remarquez, les canards s’y baignent et ne sont pas plus pâles pour autant. Il a terminé à pied, aucune roue à cassette 8 vitesses n’étant disponible pour le dépanner.

Les résultats du CLMI respectent la logique, les américains ont amené des rouleurs pour jouer le classement général. La victoire au chrono de Stuart Avgas le propulse maillot brun, 12 secondes devant le danois Oscar Nielsen, également 2e du CLMI. L’américain Buck Daly est maintenant 3e du classement général à 15 secondes, devant un autre danois, Lego Jensen à 28 secondes. Santos Ramirez de Trans-Fusion Cycling glisse 5e au général à 35 secondes. Le jeune Tremblay de Desjardin-Ford a raté un virage et a été retrouvé 20 minutes plus tard au golf municipal. Le classement général est foutu pour lui.




16 juillet, Étape 4, Malartic-Rivière-Héva-Malartic, 52 km

La deuxième demi-étape du jour prévue en soirée débute beaucoup plus tôt dans les faits. Les mécanos doivent trimer dur pour remettre les vélos en configuration course sur route, la plupart des coureurs n’ayant pas de vélo de CLMI. Les français ont amené du renfort pour s’accomplir de la tâche. Alain Braquemart s'ajoute comme membre du staff pour assister Minou Rambo entre les deux étapes. À deux, ils en ont vu des vices, euh des vis! Le vinaigre coule à flot pour bien nettoyer les jantes en carbone. On verra ce que ça donne sous la pluie car la météo prévoit des orages ce soir à Malartic.

Arrivés à Malartic, les coureurs sont accueillis avec hot-dogs et eau embouteillée. Les plus sérieux passent leur tour, mais plusieurs s’enfilent quelques roteux avant l’épreuve. Certains DS ne font pas confiance à l’eau embouteillée et préfèrent recueillir de l’eau de pluie sur les toits des chapiteaux. Les marocains intrigués demandent si les saucisses hot-dog contiennent du porc. La réponse est "peut-être", personne ne sachant vraiment ce qui se cache là-dedans.

C’est aussi le branle-bas de combat chez Vantaaaaaggggio Racing, qui se sont pointés au Tour d’Abitibi avec maillots et cuissards blancs. Les coureurs refusant de perdre leur dignité sous la pluie, coach Mark doit trouver des cuissards plus opaques avant le départ. Ça se terminera avec des sacs poubelles insérés aux endroits stratégiques.

Comme d’habitude, Malartic est un festival de vitesse, les coureurs ayant hâte d’en finir avec cette étape pluvieuse. Quelques fausses manœuvres envoient des coureurs dans les fossés et même le dépannage neutre en rate un dans les quenouilles. Le retour sur Malartic se fait à fond de train et donne lieu au premier « major crash » du Tour alors qu’un semi-remorque passé quelques minutes auparavant a explosé son turbo et répandu de l’huile sur la chassée déjà mouillée. Les plus habiles passeront sur deux roues mais presque la moitié du peloton est sur le dos ou bloquée derrière un enchevêtrement de vélos et de cyclistes. Ceci fait en sorte qu’une quinzaine de coureurs se présente avec 45 secondes d’avance sur ce qui reste du peloton. Le classement général est une fois de plus chamboulé, Ramirez ayant été pris dans la chute, tout comme le danois Nielsen. Les américains, toujours à l'avant du peloton, sont tous sains et saufs. Le canadien McBoosterpack remporte l’étape et ravit le maillot orange à Trevor Tortora, en l’ayant subtilement tassé au carrefour giratoire précédent la ligne d’arrivée.

On termine le tout avec la lasagne de l’école pendant que Louis Bertrand tente de couvrir avec des hyper-basses le son du système d’alarme déclenché par une panne électrique. Demain, on roule au Témiscamingue, l’étape avec le plus de dénivelé et de vent du Tour. Verrons-nous d’autres soubresauts au classement?

jeudi 16 juillet 2020

Sur la sellette - Étape 2, confusion, Trans-Fusion et défection


15 juillet 2020, Étape 2, La Sarre – Rouyn-Noranda, 140 km

Ouille ouille ouille, grosse commande aujourd’hui. On atteint la distance limite autorisée par l’UCI pour les juniors. Louis Bertrand devra trouver un max de synonymes pour meubler toute l’étape à l’animation.

Le Tour partira aujourd’hui sans l’équipe de l’Ouzbékistan, dont les coureurs sont tous passés à l’ouest. Ils auraient été aperçus au village de Dupuy. Leur directeur sportif est allé se poster à La Reine en espérant les récupérer. Il avait aussi la police à ses trousses pour avoir enfreint 18 règles du code routier lors de sa sortie de La Sarre.

La zone neutralisée a dû être prolongée au départ, les commissaires ne pouvant communiquer avec leurs radios. Une fois la caravane stoppée, Michel Néron est allé brancher l’émetteur fautif dans l’allume-cigare. L’arrêt temporaire a aussi donné lieu à un échange viril entre les DS des équipes du Québec et du Canada, l’équipe du Canada voulant récupérer ses enjoliveurs subtilisés trois ans auparavant et installés sur la voiture du Québec.

Le peloton a pris son temps au début de l’étape, craignant probablement la distance de 140 km et la chaleur suffocante. Lors de l’entrée dans le Parc d’Aiguebelle, un « stunt » visuel mettant en vedette la mascotte Titour en bord de route a malheureusement avorté, Titour ayant été poursuivi sans relâche par un véritable ours noir en rut. Qu’à cela ne tienne, c’est ce moment qu’ont choisi les marocains pour accélérer et étirer le peloton dans les virages étroits en macadam. Remarquez, entre une mascotte d’ours et les marocains à la pilosité faisant douter de leur âge inscrit sur leur licence UCI, l’effet visuel était tout aussi frappant.

Le DS français sentant la soupe chaude, il déboîte avec la voiture d’équipe pour parler à ses coureurs tout en se faisant copieusement arroser par le médical armé jusqu’aux dents de pistolets à eau. C’est au beau milieu du peloton qu’il rejoint enfin deux tricolores et leur donne ses instructions et quelques bidons avant même que le ravito ne soit ouvert, au grand dam du président du jury qui malheureusement ne parle ni français ni anglais cette année… Ses vociférations par le toit ouvrant n’auront servi qu’à salir sa chemise UCI d’une belle ceinture de cambouis noir.

L’élastique s’étire sous les impulsions multiples au-devant du peloton et les plus faibles devront rallier l’arrivée en plusieurs grupetti. Sur radio-tour, le gruppo compatto est plutôt gruppo piccolo. Une fois sortis du parc d’Aiguebelle, les collines de Mont-Brun et de CLéricy attendent de pied ferme les coureurs. Cette fois, le colombien Marquez va chercher deux GPM pour ravir le maillot à pois au marocain Moussaoui. Tout juste après le dernier GPM alors que tout le monde tente de ravitailler en même temps, deux américains passent à l’attaque mais emmènent avec eux deux coureurs d’équipes régionales, les québécois Tremblay de Desjardins-Ford et Santos Ramirez, un mexicain recruté par la formation texane Trans-Fusion Cycling.

Comme il s’agit d’une longue étape, il n’y a pas trois tours du circuit d’arrivée, mais un seul. Le DS français pourrait tout aussi bien s’appeler Michel Vaillant alors qu’il roule côte à côte en pleine ville avec la voiture du président du jury pour triple-vérifier cette information pourtant inscrite au guide technique.

Les quatre fuyards sont à flamme rouge 20 secondes avant le peloton, emmené par les filiformes coureurs danois. Ramirez prend alors quelques longueurs d’avance sur ses compagnons d’échappée pendant qu’une passante traverse la rue avec ses sacs d’épicerie tout juste devant le peloton lancé à 55 à l’heure. Tremblay vient s’échoir sur Ramirez au fil d’arrivée devant les américains qui jouent le classement général. Ni l’un ni l’autre ne lève les bras tellement c’est serré. Le peloton termine à 5 secondes, réglé par le costaud sprinteur canadien Avro McBoosterpack.

Toute l’attention se porte alors sur la table de chronométrage pour le résultat officiel du photofinish. La chaleur et l’humidité semblent avoir eu raison de la lentille en la couvrant de buée. S’ensuit alors une quête de spectateurs ayant filmé l’arrivée pour tenter d’établir le classement. Le podium aura lieu près d’une heure après l’arrivée, célébrant une victoire mexicaine avec l’hymne national américain. Ah, la boulette #2! À l’heure de la fermeture du salon VIP, on attendait toujours le classement général et l’ordre de départ du contre-la-montre de demain. Tout porte à croire que Santos Ramirez est le nouveau porteur du maillot brun, que Trevor Tortora consolide déjà le maillot orange et que Sergio Marquez est maillot à pois, selon les savants calculs de Léandre Normand. Marquez devrait donc partir dernier du contre-la-montre demain. Ou serait-ce premier? On verra!


mercredi 15 juillet 2020

Sur la sellette, Étape 1, la boulette française


14 juillet 2020, Étape 1 Val-d’Or – Rouyn-Noranda, 117 km

Première véritable étape du Tour d’Abitibi aujourd’hui. Ça sentait la nervosité au QG ce matin et les réunions d’informations ont donné lieu à des questions aussi absurdes qu’inutiles de la part de certains directeurs sportifs. La règle de payer la tournée à tous les DS si la réponse est dans le guide technique devrait être réinstaurée par l’UCI pour 2021.

Le parcours de l’étape est simple, rallier Rouyn-Noranda à partir de Val-d’Or par l’infâme route 117, aussi large qu’ennuyeuse. Le transfert vers la ville-départ s’est fait sans anicroche, sauf pour l’équipe de France, dont le staff était trop occupé à dénicher drapeaux tricolores, baguettes et bérets en ce jour de la Bastille. Les coureurs attendaient toujours leurs souliers et casques de vélo à 15 minutes du départ. Heureusement, le départ a été retardé alors qu’un Horacio Arruda est venu expliquer l’importance du port du masque et de la distanciation physique aux coureurs alignés au départ. Il a vite été mis à l’écart par les commissaires qui tenaient vraiment à expliquer le règlement sur la hauteur des chaussettes.

Et on roule en Abitibi! Comme tout début de Tour d’Abitibi, les premiers kilomètres sont chaotiques, même s’il s’agit d’un départ neutralisé. Trois carrefours giratoires, deux crevaisons, une chute et un selfie plus tard, les fauves sont lâchés. Les équipes de sélections américaines (Southwest, Northeast, Western A et Southeastern Florida District A) semblent former alliance pour tenter l’échappée du jour. Les petits colombiens et les marocains sont à l’affut et ramènent toutes les attaques à l’approche des premiers reliefs. Il faut dire qu’une échappée a été détournée du parcours officiel par la voiture ouvreuse de police, une situation sans incidence réelle puisqu’une échappée au Tour d’Abitibi se définit comme 25 mètres d’écart avec le peloton.

Seule difficulté du jour, la Côte Joannes est avalée à un train d’enfer par les colombiens surpris de devoir grimper sur le gros plateau et les marocains qui suivent en embuscade. À quelques hectomètres du premier GPM du Tour, le marocain Anwar Moussaoui déboite et présente sa stature de culturiste devant le colombien Marquez pour s’assurer du maillot à pois ce soir.

Le peloton dévale ensuite vers Rouyn-Noranda et les français sont bien décidés à laisser leur marque en ce 14 juillet. La brigade de France impose un rythme prévenant toute attaque à l’entrée de Rouyn-Noranda et un à un, les tricolores s’écartent à l’approche du virage vers la ligne d’arrivée. Aux 300 mètres, Cédric de la Jarretière est déjà au sprint et s’écarte pour lancer Gamos, le sprinteur désigné par le DS Trarieux. Les bras levés au ciel, Gamos traverse la ligne alors que le compte-tours indique 3 tours à faire. Bon dieu, ça va chauffer chez les bleus ce soir.

Terrés durant presque toute l’étape, les américains prennent les choses en main sur le circuit d’arrivée. Ils ont amené les meilleurs rouleurs de leur pays et chacun y va d’efforts en tête de peloton pour éjecter le menu fretin en queue de groupe. Au dernier tour, il ne reste qu’une cinquantaine de coureurs dans le groupe de tête alors que sur la gauche, le mexicain Perez met toute la sauce pour avoir l’avantage de position au dernier virage. Il est goulument avalé par le peloton à 500 mètres de l’arrivée que les ricains franchissent 1-2-3, empochant le maillot brun avec le vainqueur du jour Buck Daly, le maillot orange Trevor Tortolla et bien sûr le classement par équipes.

Demain, ce sera la plus longue étape du Tour avec 140 km entre La Sarre et Rouyn-Noranda, mais en passant par le parc d’Aiguebelle et son macadam. En plus on prévoit une chaleur suffocante. Préparez les bidons!



mardi 14 juillet 2020

Sur la sellette, challenge Sprint


À l’instar de l’excellente page danslamusette.fr et en l’absence d’un réel Tour de l’Abitibi cette année, nous avons décidé de vous offrir un Tour d’Abitibi fictif. Ce sera intitulé Sur la sellette, en hommage au site web qui en a eu l’idée originale.

13 juillet 2020, Challenge Sprint – 600m

En guise de traditionnel prologue au Tour d’Abitibi 2020, le Challenge Sprint consiste en un tournoi à élimination entre un représentant de chacune des 30 équipes inscrites au Tour cette année. Malheureusement, l’équipe de la Corée du Nord n’a pas obtenu son visa d’entrée, celle d’Albanie est à Rouen en France, tous les mexicains ont été recrutés par des équipes américaines et l’équipe du Canada n’a pu se rendre à temps en Abitibi à cause d'annulations de vols.

C’est donc 26 coureurs qui s’affrontent sur 600 m devant le CEGEP à Rouyn-Noranda sous les commentaires pseudo-pertinents de Louis Bertrand qui compense à fond avec un tsunami de synonymes. Après quelques manches sans histoire, le japonais Yamamoto écrase ses adversaires, reléguant un coureur des Espoirs Élite à plus de 3 secondes, alors que l’Australien Engin règle sa demi-finale devant le français Gamos.

Pendant qu’on laisse refroidir le top-4 avant la grande finale, l’orage éclate dû aux basses profondes de Louis Bertrand qui compétitionne avec le tonnerre. Les tentes d’équipes s’envolent, la table des commissaires prend l’eau et Bruno Gauthier essaie de dévier l’eau qui ruisselle sur le parcours.

Après de longues minutes de discussion à savoir s’il est réaliste de tenir la finale sous les orages, le vent se lève et pousse l’ondée. Louis Bertrand parle de miracle et explique les stratégies de course aux 12 spectateurs restants. Les quatre finalistes s’élancent et le coureur des Espoirs Élite tente l’échappée, démarrant au 500 m et misant sur sa priorité au virage. Malheureusement, sa roue se dérobe à l’apex et alors qu’il redresse son vélo, l’australien Engin place une mine pour jauger le français et le japonais. Mal lui en prend car le français Gamos appuie sur le champignon à 300 m de la ligne, larguant l’océanien. Yamamoto résiste à l’accélération de Gamos puis engage le froomisateur, moulinant à 140 tours/minutes. Il déboite à 75 m et passe la ligne devant un Gamos débiné.

La cérémonie protocolaire donne lieu à un feu d’artifice et à un spectacle impromptu des coéquipiers de Yamamoto, trop heureux de déjà laisser leur marque sur le Tour d’Abitibi 2020 et d’empocher la bourse du vainqueur.

Demain les choses sérieuses commencent avec l’étape Val-d’Or – Rouyn-Noranda, 117 km de vent de face.